Le nouvel ambassadeur de France au Canada, Nicolas Chapuis, vient de terminer sa tournée des capitales canadiennes avec l’engagement de faire de la conférence de Paris en décembre, la COP21, un exercice de collaboration internationale qui permettra de restreindre à 2 degrés l’augmentation des températures terrestres. Or, ces derniers jours, Ottawa annonce avec deux mois de retard ses cibles visant à réduire de 30 pour cent les émissions canadiennes de gaz à effet de serre d’ici 2030, en prenant 2005 comme base de référence.
Surprise et surtout déception à Montréal de la part du ministre québécois de l’Environnement, David Heurtel, qui reconnaît que les cibles fédérales ont été élaborées sans consultation avec le Québec, ni même avec l’Ontario, ce que confirmait le ministre de l’Environnement de cette province, Glen Murray. Au ministre Heurtel, à qui on demandait quels avaient été ses derniers échanges sur les changements climatiques avec sa vis-à-vis fédérale Leona Aglukkak, le ministre a précisé avoir eu un face-à-face avec cette dernière à la conférence sur le climat à Lima en décembre dernier, et que deux lettres du Québec à Ottawa sur le dossier des gaz à effet de serre étaient restées sans réponse depuis.
« Oui » au marché du carbone
Le ministre Heurtel, qui parlait devant trois cents convives réunis au Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), a tenu à préciser que les cibles annoncées par Ottawa ne représentent finalement que 14 pour cent de réduction des gaz à effet de serre, quand on les compare aux cibles avancées par le Québec de réduction de 20 pour cent en 2020 à partir des chiffres de 1990. Selon le ministre Heurtel, la décision du Québec de mettre un prix sur les produits du carbone en adoptant un plan d’échange de ce genre de pollution avec la Californie, a amené l’Ontario à se joindre au groupe, ce qui fait que 62 pour cent de la population canadienne participe à cette lutte contre les gaz à effet de serre, un pourcentage qui grimpe à 75 pour cent quand on inclut les effets de la taxe sur le carbone adoptée par la Colombie-Britannique. Déjà le Manitoba s’intéresse à ces plans économiques de contrôle des émissions de la pollution par le carbone, et la nouvelle première ministre néo-démocrate Rachel Notley de l’Alberta productrice de pétrole se dit ouverte à des mesures plus strictes de protection de l’environnement. Un plan d’échange de carbone qui a déjà rapporté plus de 300 millions au Québec, et qui pourrait générer plus de trois milliards de dollars pour l’économie du Québec.
« Oui » aux gouvernements infranationaux
Enfin, en vue de la conférence COP 21 de Paris, en décembre, le ministre David Heurtel dit souhaiter que les gouvernements infranationaux, c’est-à-dire les provinces, les états fédérés, voire les mégalopoles telles la ville de Mexico, aient leur mot à dire au cours de ces négociations internationales en matière de protection de l’environnement, une garantie qu’a donnée la secrétaire exécutive de la convention cadre de l’ONU sur les changements climatiques, madame Christiana Figueres lors de son récent passage au Québec. Prochaine rencontre préparatoire au sommet de Paris, la conférence des ministres de l’environnement fin mai à Winnipeg, où on peaufinera justement les positions de ces gouvernements infranationaux du Canada en vue de COP à Paris en décembre.
(crédit photo : Corim)
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