À la fin de l’année, la France accueillera la 21e Conférence internationale sur le climat, baptisée COP21. L’enjeu est de taille, puisque les participants devront parvenir à un accord pour contenir le réchauffement global en deçà de 2°C. Alors que le Canada fut le premier pays à quitter le protocole de Kyoto fin 2012, les autorités françaises font de cette conférence internationale, un axe prioritaire de la politique étrangère de François Hollande.
« Il y a une image qui n’est pas en faveur du Canada sur les questions environnementales », assène Nicolas Chapuis, nouvel ambassadeur de France au Canada, lors de sa première entrevue à Radio-Canada le mois dernier. La diplomatie française espère bien ramener le Canada à un rôle actif dans la réduction des gaz à effet de serre (GES). Quand le premier ministre Stephen Harper a sorti le pays du protocole de Kyoto en 2012, le Canada était loin d’atteindre les objectifs fixés. Alors que les émissions de GES annuelles auraient dû baisser à 550 millions de tonnes, le Canada stagne toujours à un rythme annuel de 700 millions de tonnes, jusqu’à atteindre 727 millions de tonnes en 2020. L’extraction du pétrole des sables bitumineux vont ajouter 420 millions de tonnes d’ici 2020. Le Canada prend le 58e rang sur 61 pays pour la lutte contre les changements climatiques, et se classe bon dernier des dix plus grands émetteurs de CO2, sur son implication internationale pour la lutte contre les changements climatiques, et sa stratégie de développement des énergies renouvelables.
La France mobilise le monde
« La conférence a lieu en décembre, c’est à dire qu’on a 300 jours pour éviter le chaos », argumente Laurent Fabius, ministre français des Affaires étrangères. Futur président de la COP21, Laurent Fabius veut parvenir à un « accord ambitieux et contraignant (…) qui s’appliquerait à tous les pays », Canada compris. Un Fonds vert, capitalisé à hauteur de 9,3 milliards de dollars, a été constitué. Paris a également fait le choix de soutenir un Agenda des solutions, en marge de l’accord international, constitué d’échanges de bonnes pratiques, de transfert de connaissance et des technologies nécessaires à une transition vers des économies sans carbone. « Nous avons une responsabilité historique », explique Laurent Fabius dans une vidéo de présentation de la COP21.
Le mois dernier, François Hollande et Laurent Fabius, en visite officielle aux Philippines, ont lancé l’appel de Manille, pour exhorter les pays du monde entier à se mobiliser. « Nous appelons la communauté internationale à conclure un accord ambitieux, équitable et universel sur le climat, qui soit conforme aux recommandations scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, afin de préserver notre planète pour permettre aux générations futures d’y vivre. »
L’Europe affiche son ambition face aux climato-septiques
Du côté de l’Europe, les objectifs de Kyoto sont globalement atteints : l’Allemagne a baissé ses émissions de 25%, la France de 5% et le Royaume-Uni de 23% (entre 1990 et 2010). Dans la perspective de la COP21, la France défend des objectifs ambitieux : -40% d’émissions de GES en 2030, puis -60% en 2040 (par rapport à 1990). Paris souhaite que « l’Union européenne maintienne une approche ambitieuse et exemplaire. » Le 6 mars dernier, le Conseil Environnement réuni à Bruxelles a réaffirmé cet objectif et précisé quels gaz à effet de serre et quels secteurs sont concernés.
Face au bon élève européen, les climato-septiques américains n’ont pas baissé les bras. En novembre dernier, des panneaux publicitaires fleurissaient dans le grand Montréal, pour préciser que « le soleil est le principal facteur du changement climatique. Pas vous. Pas le Co2. » Pourtant, la synthèse finale du 5ème rapport d’évaluation sur le changement climatique du groupe d’expert intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) adoptée fin 2014, vient renforcer la certitude de la responsabilité des activités humaines de l’homme dans le réchauffement de l’atmosphère et de l’océan.
À défaut de ramener le Canada à un rôle actif lors de la COP21, la France s’appuiera sur les provinces canadiennes, dont l’ambassadeur Chapuis a salué les initiatives, en Ontario, au Québec et en Colombie-Britannique. D’ailleurs, le président Hollande n’a pas manqué de rappeler à Philippe Couillard, lors de sa visite en France au début du mois de mars, qu’il compte sur le Québec pour « faciliter l’accord que nous allons chercher ». Les électeurs canadiens pourraient bien s’inviter à la table de la COP21 en décidant de maintenir le gouvernement conservateur, ou en envoyant à Ottawa un gouvernement Libéral voire même NPD, largement favorable au retour du Canada parmi les leaders de la lutte contre les changements climatiques.
La conférence aura lieu au Bourget du 30 novembre au 11 décembre 2015. Avec 196 parties, 40 000 participants et environ 3 000 journalistes, la COP 21 sera exemplaire sur le respect des normes en matière de qualité environnementale.
À lire : Nicolas Chapuis : « Pas de Canada B en environnement »
Dossiers et chiffres complémentaires : L’engagement de la France de 2001 à 2015 Le Climat en chiffres (Radio-Canada) 5e rapport du GIEC Le changement climatique en Europe Chronologie des négociations climat depuis 1988 (crédit photo : Nathalie Simon-Clerc – Archives)]]>