Nicolas Chapuis est le nouvel ambassadeur de France au Canada. Initiateur de la diplomatie 2.0, le nouveau locataire de la promenade Sussex a fait toute sa carrière au ministère des Affaires étrangères (MAE) depuis 1980, et principalement en Asie. À 57 ans, il remplace Philippe Zeller, qui peut se prévaloir d’un bilan canadien positif. Le nouvel ambassadeur de France au Canada est un révolutionnaire numérique. Directeur des Services d’information (DSI) du MAE jusqu’à sa nomination à Ottawa le 9 janvier dernier, Nicolas Chapuis a mis en place en juillet dernier, le premier réseau social professionnel au sein de l’appareil diplomatique. Alors qu’un millier de notes parviennent au ministre des Affaires étrangères chaque jour, Nicolas Chapuis a tué le mythique « télégramme diplomatique » et a doté le MAE d’un réseau de type Google +, le Portail interministériel de la correspondance diplomatique, permettant ainsi à tous les agents d’aller chercher l’information utile, au lieu de se laisser envahir de courriels. Autre nouveauté, les données de ce portail sont ouvertes au public. Du chinois à l’informatique Pourtant Nicolas Chapuis est loin d’être un scientifique, même s’il était le coordonnateur de la mission WikiLeaks, avant de devenir le DSI du ministère. Diplômé en chinois, en mongol et en histoire, il est également admis au concours d’Orient en novembre 1982. Lorsqu’il intègre le MAE en septembre 1980, il devient attaché de presse à Pékin. Boston, Singapour, Shanghai, Londres et Oulan-Bator sont ses affectations suivantes. Il est également Préfet des Hautes-Alpes en 2009. Il a traduit plusieurs ouvrages chinois, et est l’auteur, en 2001, de Tristes Automnes, poétique de l’identité dans la Chine ancienne, un essai qui « retrace le chemin parcouru par les poètes chinois de l’antiquité jusqu’à la dynastie des Tang pour exprimer leur actualité ». Il faut dire que le nouvel ambassadeur de France au Canada a de qui tenir dans le domaine de l’écriture, puisqu’il n’est autre que le fils de la romancière Florence Aboulker, et de l’écrivain Jacques Floran. La chanson française est également au cœur de la famille, puisque Florence Aboulker restera celle qui a découvert Patrick Juvet, et son frère, Fabrice Aboulker, est l’un des plus grands compositeurs français, à qui l’on doit notamment nombre de succès de Marc Lavoine. La diplomatie économique française, au coeur de l’action Nicolas Chapuis prend ainsi la succession de Philippe Zeller, en poste depuis septembre 2011. Avec 550 entreprises installées au Canada, Nicolas Chapuis aura certainement à cœur d’aider les entreprises à se développer vers l’ouest canadien, jusqu’à Vancouver, capitale asiatique du Canada. En 2013, le Canada comptait un million de citoyens d’origine chinoise. La diplomatie économique initiée par Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, pourra s’appuyer sur Business France, nouvelle structure d’aide aux entreprises françaises pour s’installer à l’étranger, résultat de la fusion de Ubifrance et AFII. Mais Nicolas Chapuis devra également appuyer la mise en place de l’ambitieux AECG, au profit des entreprises de l’Hexagone et des échanges franco-canadiens. Dans le domaine culturel, Philippe Zeller laisse à son successeur la plateforme numérique « francecanadaculture.org », dont l’objectif est de faire rayonner la création française au Canada. Nicolas Chapuis devra user de ses talents de diplomate pour convaincre de Canada de s’engager pleinement dans la lutte contre les changements climatiques. Peut-être sera-t-il aidé par un changement de gouvernement à Ottawa? Le président Hollande espère bien être au coeur du succès de la conférence de Paris 2015 en décembre prochain, et ramener le Canada parmi les pays engagés. Sur la feuille de route québécoise du diplomate, les Accords de reconnaissance mutuelle des diplômes (ARM) entre la France et le Québec seront d’actualité puisque, si près de 70 accords sur des métiers ou professions ont été conclus, il reste encore quelques professions à réglementer (vétérinaires). Le nouvel accord sur les frais de scolarité des étudiants français au Québec sera l’un de ses premiers dossiers. Philippe Zeller, organisateur du voyage du président de la République Philippe Zeller quitte le Canada avec un bilan bien rempli. Il restera celui qui a organisé la visite officielle de François Hollande au Canada en novembre dernier, selon les préceptes de la diplomatie économique. Le diplomate aura également expliqué et organisé les controversées élections consulaires, avec tous les « couacs » qui auront émaillés cet épisode de la vie communautaire française. C’est également lui qui pilote les célébrations du centenaire du début de la Première Guerre mondiale. La France reconnaissante envers son allié canadien, déploie sur le Parlement d’Ottawa, une banderole de remerciements. Le président de la République décore des vétérans canadiens lors de sa visite à Ottawa. L’ambassadeur Philippe Zeller remettra la légion d’honneur à des combattants de la Seconde guerre mondiale jusqu’à la fin de l’année dernière. Profondément attaché à la devise de la France, il nous déclarait le 14 juillet 2014, lors de la Fête nationale : « On a une devise magnifique, Liberté, Égalité, Fraternité (…) C’est un message à appliquer aujourd’hui, en y mettant toute la dose d’optimisme que l’on peut raisonnablement y mettre ». Une conclusion tristement d’actualité… (crédits photo : LinkedIn – Rozenn Nicolle)]]>